Dany NGUYEN-LUONG est directeur du Département Mobilité et Transports à L’Institut Paris Region. La Région Ile-de-France a une population de 12 millions d’habitants dont 6,1 millions d’actifs. Ce territoire de 12 000 km2 a une autorité organisatrice unique appelée Ile-de-France Mobilité (IDFM). Il est composé de la capitale Paris, d’une petite couronne (départements 92, 93, 94) et d’une grande couronne (départements 77, 78, 91, 95). En 2010 les actifs ont réalisé chaque jour 7,1 millions de déplacements domicile-travail dont 43% en voiture, soit 3 millions de voyages. 40% de ces voyages (1,23 millions) font moins de 10km : le potentiel du covoiturage de courte distance se situe à ce niveau. Le covoiturage est actuellement un mode peu utilisé pour plusieurs raisons : peur de l’inconnu, contraintes de trajets avec détour, retour non assuré, gain financier non attractif. La Région Ile-de-France a une population de 12 millions d’habitants dont 6,1 millions d’actifs. Ce territoire de 12 000 km2 a une autorité organisatrice unique appelée Ile-de-France Mobilité (IDFM). Il est composé de la capitale Paris, d’une petite couronne (départements 92, 93, 94) et d’une grande couronne (départements 77, 78, 91, 95).

En 2010 les actifs ont réalisé chaque jour 7,1 millions de déplacements domicile-travail dont 43% en voiture, soit 3 millions de voyages. 40% de ces voyages (1,23 millions) font moins de 10km : le potentiel du covoiturage de courte distance se situe à ce niveau. Le covoiturage est actuellement un mode peu utilisé pour plusieurs raisons : peur de l’inconnu, contraintes de trajets avec détour, retour non assuré, gain financier non attractif.

Aujourd’hui le taux d’occupation moyen d’une voiture en Ile-de-France est de 1,3 passager (1,06 pour les trajets domicile travail). IDFM a lancé une expérimentation en 2017 avec une dizaine d’opérateurs de covoiturage, en incitant financièrement les usagers à raison de 2€ par trajet limité à 2 par jour. Dans les cas exceptionnels, la subvention a été portée à 4€ par trajet (grèves, pics de pollution). Ce fut le cas pendant la grève perlée de la SNCF du 1er avril au 30 juin 2018. Du dernier trimestre 2017 (T1 2017) au second trimestre de 2018 (T2 2018 - période de grève), on est passé de 37 000 voyages à 111 000 voyages (soit +198%) par trimestre. En juin 2018 on était à 1222 voyages covoiturés par jour, soit seulement 0,1 % des trajets d’actifs de moins de 10 km sur l’Ile de France, la moyenne étant de 875 sur toute la durée de l’expérimentation. Un des problèmes constatés est la fidélisation : seulement 10% des personnes concernées ont participé régulièrement durant les 6 premiers mois de l’expérimentation, 50% des conducteurs ont arrêté à l’issue du 1er mois et 70% des conducteurs après les 3 premiers mois.

Face à ces résultats qui contrariaient certains espoirs mis dans le covoiturage, IDFM a décidé néanmoins de poursuivre l’expérimentation au 1er mai 2019 avec 2 trajets offerts par jour pour les usagers ayant le passe Navigo et en récompensant de 1,5€ à 3€ par trajet et par usager. La moyenne des voyages covoiturés étaient de 2500 par jour au 2ème trimestre 2019 donc un rythme déjà plus faible que sur les 6 premiers mois.. A ce rythme de croissance, il faudrait une dizaine d’années ans pour atteindre la masse critique et pendant ce temps, l’autorité organisatrice devrait augmenter en proportion le budget des subventions.

Au final, on constate que le covoiturage en Ile-de-France est marginal. Il s’accroit avec une incitation financière mais cette dernière n’est pas suffisante pour déclencher une montée en charge rapide et atteindre la masse critique permettant l’autofinancement. D’autres mesures sont certainement plus intéressantes comme le développement d’aires de covoiturage en des lieux multimodaux ou l’utilisation de voies dédiées au covoiturage pour réduire les temps de trajet.