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Conclusion

30-10-2020

Conclusion : Il y a actuellement un besoin de plus d’interdisciplinarité, de plus de coopération internationale, de plus d’intelligence pour maîtriser les problèmes globaux de nos sociétés, sur les questions techniques comme sur les questions sociales. C’est dans l’action menée ensemble pour résoudre des questions concrètes que se créent une valeur réelle et une efficacité convaincante, qui donnent envie de poursuivre dans la direction choisie ensemble.

Prof. Dr. Dienel Merci pour cette présentation très inspirante pour notre table ronde. Quelles sont vos questions ?

Prof. Dr. Haixiao : La Pandémie me semble un bon exemple d’évènement qui devrait nous amener à réfléchir et à changer notre paradigme en matière de transport. Nous devons déterminer une vision de très long terme et décider d’être cohérent avec elle. Mais tout a changé très vite déjà et nous n’avons pas du tout de vision collective de long terme. Comment allons nous déterminer cette direction ? Selon mon expérience à Shanghai, il est très difficile de changer les modes de vie et les comportements dans un délai court, alors qu’il le faudrait pour que la mobilité évolue . Nous savons que les technologies pourraient nous aider à le faire, mais comment inciter les personnes, en particulier celles qui ont des décisions à prendre, à agir de façon cohérente ?

Prof. Iris Borowy  : je crois aussi que beaucoup de choses ont changé en très peu de temps et que cette question est très difficile, mais je pense que nous avons des raisons d’être optimistes. Notre système de décision est très particulier, seuls ceux qui le pratiquent peuvent comprendre comment les opinions de chacun peuvent être très différentes et que nous pouvons prendre des décisions acceptées par tous. Je ne pense pas qu’il y ait de solution parfaite pour faire face à la complexité du monde . Il me semble que la meilleure méthode est de faire une large discussion publique et que nous avons des structures pour organiser cela en Chine. Pour parler des technologies dans les transports, je vois deux directions dans lequel le monde de la mobilité pourrait aller : l’une pourrait consister à utiliser plus de technologies : des véhicules autonomes ou pilotés à distance dans des villes de plus en plus numérisées, l’autre choix pourrait être moins de technologies : plus de place pour des piétons, des vélos … Je ne sais pas d’ailleurs si ces orientations sont forcément exclusives ou s’il serait possible d’imaginer de les rendre complémentaires.

JF Janin : il me semble que la période que nous avons vécue a été très difficile pour beaucoup de personnes en partie parce qu’elles comprenaient mal ce que les autorités voulaient qu’elles fassent et pourquoi. Elles se sont aperçues que le téléphone était en fait le moyen de pouvoir parler entre elles, de dire à leurs amis ce qu’elles faisaient ou ne pouvaient pas faire et de leur demander leur avis. Alors que la mobilité était avant le moyen que l’on utilisait pour entretenir le lien social avec certaines personnes dans les villes devenues immenses, le téléphone a joué ce rôle. C’est déjà vrai pour les jeunes enfants qui voient la place du téléphone grandir dans l’emploi du temps de leurs parents. C’est aussi vrai pour les personnes âgées, qui sont très attachées aux communications qu’elles parviennent à maintenir avec les personnes qu’elles connaissent. Est ce que cela pourrait être vrai pour les échanges académiques ?

Prof. Dr. Dienel  : Je voudrais reformuler la question du Professeur Pan autrement : Si vous aviez un conseil à donner au Ministre des transports de votre pays aujourd’hui, serait ce de donner un nouvel appui à un système de transport particulier, par exemple le transport public ou au contraire de travailler à une transition de la mobilité, par exemple en modifiant l’usage de l’espace urbain ?

Prof. Carlos Lopez Galviz : Il est important d’abord d’écouter les gens. Que pensent ils des véhicules autonomes ? Est ce que ceux qui conduisent aujourd’hui acceptent l’idée de voir arriver des véhicules autonomes dans leur ville ? Qui s’intéresse à une ville numérique ? Le risque, pour les autorités comme pour les académiques comme nous, est de chercher la technologie la plus perfectionnée, en oubliant ses conséquences sur la société. Il est important que les choix soient faits par des hommes et pour l’humanité dans son ensemble. En particulier, puisque nous avons à construire notre avenir dans cette période exceptionnelle, il faut évidemment veiller à ne pas accroître les inégalités sociales.

Prof. Dr. Dienel : Cette remarque me paraît très importante à ce moment de notre réunion. La nécessité de faire participer les citoyens au processus de décision publique est une recommandation qui doit être renouvelée en permanence. Cette réunion internationale où nous parlons anglais avec des amis français et chinois me donne l’occasion de rappeler ce que Benjamin Franklin, un grand esprit du 18ème siècle, disait de la démocratie dont il était un fervent admirateur : les démocrates ont deux patries, la leur et la France où elle a été inventée.

Prof. Dr. Haixiao : Merci de vos contributions. Bien que les conditions aient été complètement inhabituelles, cette réunion a permis d’échanger des idées très enrichissantes, grâce aux contributions actives de tous pour la préparation et la réalisation de cet évènement et je voudrais vous en remercier tous très profondément.